• Bonjour. Aujourd'hui, tout va bien dans le monde

    Je m'appelle Leila, je vais avoir 20 ans dans une semaine, et aujourd'hui a été un jour désastreux.

    Mais là, tout de suite, je ne peux pas m'arrêter de sourire, et j'écris parce que j'aimerais remercier la Terre entière.

     

    Merci. Merci à tous. Merci à chaque particule de l'univers qui flotte en ce moment même dans l'espace que nous vivons. Merci à chaque être humain qui vie en même temps que mois durant cette seconde. Merci à toi, merci pour être là, merci d'avoir braver toutes ces peines et de respirer en même temps que mois, quelque part d'autre dans le monde. Tu as survécu. Merci mille fois. Tout ira bien.

    Je n'avais pas pleurer comme ça depuis longtemps... je crois. Peut être pas si longtemps que ça finalement. J'avais mal, tellement mal. J'ai hurlé. J'ai pensé à quelque chose qui n'est pas encore arrivé, et qui n'arrivera pas avant quelques mois. Enfin, c'est ce que j'imagine. J'ai pensé à l'annonce des résultats du concours de paces. Bien sûr : la sentence est tombé. Je ne l'ai pas. Boum. T'as chance est passé, ton rêve est partie, tu ne pourras plus jamais essayé de le réaliser. C'est finie. Ce que tu espères chaque jour depuis 5 ans, ce qui t'as angoissé, faite pleuré, chacun des milliers de jours qui ont précédé celui-ci, c'est terminé. Échec. Et j'en revenais pas, ça me faisais tellement mal, je vous jure, je n'ai jamais imaginer que ça me tenais autant à coeur, que réussir ce rêve m'est aussi précieux. Puis j'ai pensé à mon frère qui devait être là ce matin, comme il devait être là hier, et la semaine dernière, et le mois dernier. Aujourd'hui encore est passé et il n'est toujours pas venue. Et j'ai hurlé encore plus fort. 

    J'ai pleuré parce qu'encore une fois, j'ai transformé un jour spécial en jour banale. Une nouvelle fois, j'ai fermé les yeux. J'ai essayé de ne rien ressentir, de ne pas penser aux monde extérieur, cachée sous mes draps toute la journée. Bien sûr, pourquoi en sortir, quand à chaque fois que j'y pense, ça serre si fort dans ma poitrine.

    Et voilà, pour la énième fois, j'ai évité aujourd'hui. J'ai évité le reste du monde. Non en fait, j'ai évité tout l'univers, parce que j'ai aussi évité de me croiser dans le miroir. J'ai évité d'avoir l'impression d'exister parce que quand j'existe ça fait mal. 

    Aujourd'hui, je me demande, combien d'entre nous ont-ils évité de croiser leur regard dans le miroir ? 

    Ouai, je sais, c'est dur, de se regarder vraiment. Parce que dans le reflet de nos yeux, il y a le monde. Et dans le monde il y a toutes nos peines, tout nos problèmes, toutes nos angoisses, mais aussi tout nos souhaits, qu'on transforme en problème et en angoisse comme ça on les évite aussi. Ouai, parce qu'en évitant notre regard, on ne peut pas faire le trie entre ce qu'on veut et ce qu'on ne veut pas, entre ce qui nous fait du mal et ce qui nous donne le sourire. On est obligé de tout prendre, ou de tout laisser. Quand je suis obliger d'affronter le monde, je prends tout. Boum. Choc. Quand je me retrouve de nouveau avec moi même, la douleur est insupportable et je veux en finir avec tout ça. 

    Dans une semaine j'ai 20 ans, et je passe mon code aussi. Ah, super angoissant. Parce qu'une semaine plus tard je serais obligée de repartir à l'autre bout du pays pour faire ma rentrée, et ça aussi c'est super angoissant. C'est angoissant parce que je suis contrainte de réussir, et que je crois que je n'en suis pas capable. Ouai, c'est moi qui est choisi la date de passage du code, c'est moi qui est choisi de retenter la paces pour pouvoir réussir un concours qui me permettrais de réaliser mes rêves. Pourtant ça arrive très très bientôt et je ne veux pas y être. Je ne veux pas y penser. Parce que je n'ai pas choisi de vivre tout ça. Moi, je voulais avancer, être quelqu'un de bien, faire des trucs que j'aime, pouvoir aider les autres entre temps, laisser une belle trace au monde, parce que j'aime le monde et j'ai tout plein de rêve. Mais merde, je ne veux pas prendre tout le reste, je n'ai pas choisi cette peur immense qui m'enveloppe dans le noir, qui m'étouffe, je n'ai pas choisi ces angoisses.

    J'ai vingt ans dans une semaine et j'ai déjà l'impression d'être passé à côté de ma vie et d'avoir gâché mes années 20. Ouai c'est ça, t'y es : alors que j'ai même pas encore 20 ans. Ha. Et puis j'aurais 20 ans, j'aurais 21 ans, et j'aurais peut-être 80 ans. Le temps n'attends personne. Il ne va pas attendre que je décide que je ne suis pas passé à côté du reste de la journée et des 20 prochaines parce que en fait, je n'ai encore jamais vécu les 20 prochaines secondes. Et je ne les vivrais peut être jamais. Parce que je ne serais plus là. Ou parce que j'aurais décidé de fermer les yeux et de ne pas voir le temps défiler, et de ne rien voir du tout.

    J'ai passé une journée très triste, mais aujourd'hui j'aimerais dire merci. Je viens de voir tout ce qu'il y a derrière le brouillard de la peur. Je viens d'ouvrir mes yeux, de me croiser dans le miroir, je viens de rencontré le reste du monde. Je vois mes rêves, je vois les gens que j'aime, je vois tout ce qui respires et tout ce qui ne respire pas, je vois l'univers entier. Et c'est magnifique, parce que en fait j'ai vraiment vraiment vraiment envie de voir tout ça, et de le vivre. 

    C'est vrai, aujourd'hui a été très difficile. J'ai voulu me cacher pour me protéger comme je l'ai fait hier, quand bien même je sais qu'en fait je suis en train de détruire le monde. Ouai, ça fait mal, mais je vais prendre ça, je vais prendre tout ce qui me fait mal, je vais affronter mes souffrances et je vais aussi prendre tout ce que je souhaites, je vais prendre mes joies, et je vais les vivres avec mes peines. Je tout prendre et je vais me battre et j'irais très très très loin là où je souhaite aller.

    Aujourd'hui, je prends le monde entier.

    Regarde derrière le voile de la peur, derrière la noirceur de la douleur, il y a toi et et il y a tout le reste, et c'est vraiment vraiment cool hein ? Oui, aujourd'hui tout va bien. Et tout ira bien.

    Je n'ai rien perdu. Je n'ai rien rater. Rien ne me manque, tout vient à moi juste quand il le faut. Il faut juste ouvrir les yeux : tout est là. Alors prends ! 

    Il y a eu de longues et terribles nuits et il y aura de longues et terribles nuits solitaires. Je suis prête.

     


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